Le 33 rue du Sèvres aujourd’hui
Le 33-35 rue de Sèvres est aujourd’hui une des maisons majeures de la Compagnie de Jésus en France. En effet, cet ensemble abrite à la fois une communauté de 30 jésuites, le Centre Sèvres, la bibliothèque de la Province et l’église Saint Ignace.
Les débuts
C’est peu après son rétablissement, en 1821, que la Compagnie de Jésus acheta les bâtiments situés au 33 et 35 rue de Sèvres, dans le 6e arrondissement de Paris, puis vers 1854-56 les no37 à 43. Ce vaste terrain rectangulaire était idéal. L’église Saint Ignace en fut la première construction en 1855-1858, financée en presque totalité par les bienfaiteurs dont à leur tête l’empereur Napoléon III ! Puis deux autres côtés du quadrilatère prévu furent construits dans les jardins du 33. Les vieilles maisons bordant la rue de Sèvres obtinrent quant à elles un sursis jusqu’en 1971. Dispersés car se sentant menacés par les journées de juillet 1830, les jésuites purent se rassembler à nouveau en 1847. Le second Empire (1852-1870) fut d’ailleurs une période particulièrement calme et faste pour la Compagnie. En 1880, après les « Décrets Ferry » qui prévoyaient la suppression de la Compagnie de Jésus du territoire français, les jésuites, qui s’y étaient réinstallés, en furent expulsés par la police. Ils revinrent progressivement, mais après le vote des lois d’exception contre les congrégations religieuses en 1901, ils durent se disperser et tous les bâtiments furent spoliés. Des parties des bâtiments furent donc louées. En 1923, Mgr Chaptal archevêque de Paris, loua la chapelle à l’administration des Domaines pour en faire l’Église diocésaine des Étrangers. En effet, Le P. Rouet de Journel y avait installé la Bibliothèque slave au 33. C’était l’époque où se multipliaient les œuvres en faveur des Russes réfugiés en France après la Révolution d’octobre. C’est ainsi que l’église put donc être affectée pour les catholiques étrangers résidant à Paris et revenir sous l’égide de la Compagnie. Cependant, ce ne fut que le 29 juin 1938 que la Compagnie de jésus put racheter l’église et les immeubles de la rue de Sèvres. Peu après arrivèrent la guerre et l’occupation. Les magasins et logements des vieilles maisons restèrent à l’usage des mêmes occupants. Dans la Résidence, dont les étages supérieurs demeuraient occupés par des locataires, s’installa progressivement la Communauté du Christ-Roi, composée de nombreux aumôniers de jeunesse. Après l’abandon des aumôneries nationales d’Action catholique, la « Maison Saint-Ignace » regroupa les Pères de Vie Chrétienne, de Christus, de l’église Saint-Ignace et bien d’autres jésuites.
La décision d’abattre tous les vieux immeubles considérés comme trop vétustes pour envisager une rénovation fut prise dès 1967. Cependant l’église Saint-Ignace, édifice en parfait état, fut conservée. Le projet fut concrétisé en 1969 et prévoyait la démolition de la résidence et des maisons vétustes de la rue de Sèvres en vue de la construction, en façade de cette rue, d’un immeuble de magasins, d’appartements et, derrière, dans la cour, d’une vaste Maison de Communauté dotée de nombreuses salles de réunion. Une première tranche de travaux, comportant un immeuble moderne de dix étages adossé à l’église fut réalisée. Le Père Général décida que cesserait en juin 1974 l’enseignement de la théologie à Fourvière et que le cycle B s’installerait, à l’automne 1974, dans les bâtiments en construction rue de Sèvres. Pour accueillir la bibliothèque de Fourvière, il fallut aménager des locaux plus vastes que ceux qui avaient été prévus pour une résidence. Par conséquent, le magasin de livres fut installé au-dessus des chapelles latérales de l’église Saint-Ignace et dans la « Salle gothique » située au-dessous de la tribune de l’orgue. La bibliothèque s’étendit donc, à hauteur du 3e étage, sur tout le pourtour de l’église. Ainsi, en octobre 1974 : Le Centre Sèvres ouvrit ses portes.
Comme on peut l’observer sur la dernière photo, l’ensemble des bâtiments (église et centre sèvres) est enclavé et non visible de la rue. Cela n’empêche pourtant pas une activité fleurissante et pour encore de nombreuses années !
La Chapelle et la chambre des martyrs
Durant la commune de Paris en 1871, cinq Pères jésuites furent pris en otages puis fusillés dans le chemin de ronde de la prison de la Roquette. Leurs tombes ont été transférés dans l’église Saint Ignace dans la chapelle dédiée aux martyrs japonais. Une « chambre des martyrs » avait également été mise en place pour leur rendre hommage.